Interviews

Rencontre avec Jewel

De l'ado introverti au rappeur brillant.

By

LiziAza

on

Mar 27, 2020

Interview

Tu te décris toi même comme étant durant l'enfance un jeune garçon assez introverti, plutôt casanier, mais qui savait au fond de lui qu'un jour il finirait par briller. C'est de là que t'es venu l'idée de te surnommer « Jewel » avant même de te mettre au rap. Qu'est-ce qui ta poussé finalement à mettre de côté ta carapace et à t'essayer au mic pour la première fois ?

À ce moment là je traversais une période difficile, je bossais au Quick, j'allais en cours, je pensais faire mon trou dans la danse mais entre temps tout a changé. J'ai arrêté l'école juste après avoir eu mon bac de comptabilité, je traînais un peu partout, à la recherche de pas grand chose. Un pote à moi était dans la musique à ce moment là, j'ai commencé à gratter mes premières lignes comme ça, pour déconner, le plus étrange c'est que je n'aimais vraiment pas le rap français mais au final je me suis vite aperçu que j'avais des choses à dire. Je pense que quand on garde pour soit autant de choses en tête, face à la feuille tout finit par sortir.

Quelles sont tes influences principales ?

J'ai écouté de la musique toute ma vie, j'étais, je crois, très bon pour imiter les artistes, je reprenais leur voix, leurs gimmicks. Je crois que je suis un mélange de tout ça, de toutes ces musiques qui m'ont touché. Après bien sur il y a des artistes qui sont pour moi des exemples, comme FURAX (rappeur Toulousain) pour sa rage, Orelsan pour sa perspicacité, J.cole pour sa musicalité... j'essaye d’être le bon mélange, le rappeur ultime (rires)

Qu'est-ce qui tourne en ce moment dans ta playlist ?

Absolument tout, Ed Sheeran, Tory lanez, Bryson Tiller, pas mal de chanteurs quand on y regarde bien. Mais la plupart du temps c'est des vieux morceaux genre IAM (l'Empire du coté obscur).

Jewel ça s'écoute mais ça se regarde aussi. Tes clips sont toujours très travaillés, en plus de la technique du storytelling que tu utilises souvent, on a parfois l'impression de mater un p'tit épisode d'une série. Je pense notamment à « Reste » et « L'étoile et l'araignée ». C'est important pour toi d'avoir une ligne artistique originale dans la réalisation ?

Très important, je ne néglige jamais un clip. Le visu est là pour sublimer le morceau, à mon niveau personne n'écoutera ma musique si il n'y a pas de clips, alors autant qu'ils soient mortels, et puis pour tout te dire je kiffe ça. Je me prends la tête à concevoir mes clips et j'assiste à tous les montages, rien ne doit etre laissé au hasard.

Je t'ai découvert avec « Groovy » . Tu peux me parler un peu de ce titre ?

"Groovy" c'est selon moi la parfaite conclusion d'une époque, la synthèse de toutes mes questions, craintes, pensées... dans ce morceau j'essaye vraiment d'etre le plus sincère possible, je ne sais pas de quoi sera fait demain mais je veux que les gens se rendent compte que j'ai du en baver et que mentalement, ce parcours laisse des traces, de la fatigue. Je veux qu'ils comprennent que pour moi la musique n'est pas une fin en soit, je rêve de vivre mais j'connais aucune rime qui m'enmmenera plus loin.

Ton tout premier projet « L'étranger à domicile » (2011) ainsi que ton second EP « Débranche ma conscience » (2013) ont tous deux été produits en indépendants, sous l'aile du collectif hip-hop Street Rockaz. En juin 2015 tu as signé au sein d'Interludes, label lui aussi indé. C'est important pour toi d'évoluer avec des acteurs autonomes, éloignés des majors de l'industrie du disque qui perdent souvent en authenticité ?

Important je ne sais pas mais je reste réaliste face à la musique que je propose, on ne jouera pas du Jewel chez Sony. Pas assez vendeur. Je fais de la musique avec ceux qui me laissent la faire comme je le sens.

Avant le mic, ta manière de t'exprimer c'était la danse. Qu'est-ce que cela t'as apporté ? Ça t’arrive de refaire quelques training de temps en temps ?

Je kiffais tellement la danse ! Mais bon, on grandit. Je me sers de la danse à travers ma musique maintenant, sur scène j'essaye de bouger différemment, de captiver les gens par le mouvement. Beaucoup de potes pratiquent encore, je passe les encourager autant que je peux.

Danseur, rappeur... et acteur ! J'ai découvert en faisant mes recherches que tu avais joué dans la websérie « Gabriel », de Gwendal Biscueil et Arnaud d'Ancona et qu'on pourra te retrouver au côté de Camélia Jordana et Daniel Auteuil dans « Le Brio », le nouveau film d'Yvan Attal qui sortira l'année prochaine. Tu peux m'en dire plus sur cette autre facette de toi ?

Je pense que j'aimerai beaucoup le métier d'acteur, c'est la suite logique, regarde Ludacris, T.I, 50 Cent... les clips c'est juste l'entrainement (rires)

J'ai écouté ton dernier EP « La Rage au Ventre » sorti l'année passée. Je trouve que c'est un projet de qualité, j'ai validé. Par exemple parmi les 10 titres, Y'a « Madness » qui donne envie de foutre un gros bordel en soirée, « Remets ce Disque » en feat avec Lucyl Cruz », petit son smooth à poser en soirée avec Bae, « La preuve par 3 » pour le bon son à la prod bien oldschool, ou encore « Groovy » à mettre à fond dans ses écouteurs en exutoire après une grosse journée. C'était ton but de produire un EP très éclectique ?

Merci beaucoup. Oui, il fallait que le projet passe par toutes les couleurs, c'était pas facile, il y a des choses que je maîtrise moins que d'autres. Je voulais surtout donner une tracklist cohérente et pas une suite de sons qui passe du coq a l’âne, je déteste ça.

Rap'ortrait

Si tu étais un son ?

Groovy (rire) ou bien "naïf" de Niro

Un bouquin ?

L’Odyssée

Une sape ?

(rire) euh... un long manteau noir, ceux qui recouvrent la moitié du visage et qui vont jusqu'aux genoux

Une femme ?

Michelle Rodriguez, elle a des couilles !

Un objet ?

Un flingue quand les gens m'utilisent pour faire n'importe quoi

Une série ?

"F is for Family" (rire) le daron il a toujours le seum comme moi

Une punchline ?

"Du sang sur les poings, la folie coûte cher, frapper fort dans un parpaing n’enlève pas l'mal mais quelque bout d'chaire" Furax.

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